Par Danièle
Éditions
ToutEnfer
12 rue
de la croix
Lourdes
Lourdes,
le 24 décembre
Objet :
votre manuscrit : La Bible
Monsieur,
C'est
avec un grand intérêt que nous avons lu votre ouvrage. Malheureusement, nous ne
pouvons le publier. Par contre, pour que vos efforts ne soient pas vains, nous
vous proposons quelques conseils de réécriture.
Tout
d'abord, votre manuscrit est bien trop volumineux et la division entre Ancien
et Nouveau testament ne suffit pas à l'alléger. Le mélange des récits est trop
vaste et fait perdre tout sentiment d'unité. Ainsi, par exemple, vous mêlez
tout aussi bien des récits historiques à des textes législatifs, voire
prophétiques ou sapientiaux. De même, le nombre de coauteurs (Mathieu, Marc,
Luc, Jean...) est trop nombreux. Votre héros, ce Dieu, est un être égocentrique
qui est tout à la fois omnipotent, omniscient, infini, transcendant et à vous
en croire, il serait même le créateur de l'Univers, ce qui est absurde et
incompréhensible au vu des connaissances scientifiques actuelles. Les lois
qu'il créées sont arbitraires et autocratiques. Dans certaines parties de votre
œuvre, vous présentez Dieu comme un personnage de science-fiction ou comme un
héros de jeu informatique qui pourrait d'un clic de souris supprimer toute une
ville au prétexte qu'elle ne lui plaît plus. Il devient impossible de
s'identifier à ce personnage et de ce fait, la lecture en devient fastidieuse.
Comme votre idée de péchés capitaux (orgueil, avarice, luxure, envie,
gourmandise, colère et paresse), ce sont de véritables moteurs de croissance en
régime capitaliste et des incitations puissantes à la consommation. Le style,
quant à lui, est redondant. En ce qui concerne la femme, son rôle est mineur et
se résume à l'entretien du foyer familial : quelle vision rétrograde et
machiste ! Il en va de même avec ces prétendus miracles comme marcher sur
l'eau, ou cette idée de résurrection : cela est vraiment trop inimaginable.
Voici
quelques pistes pour vous aider dans la rédaction de votre prochain livre.
Cordialement
vôtre.
Monsieur
Judas
Par Sylvie
Je suis éditeur et je
viens de recevoir un volumineux manuscrit : la Bible.
Mon Dieu ! Difficile de survoler ce pavé pour me donner une idée de son contenu.
Il y a des livres dans ce livre ! Ne pouviez-vous pas écrire plusieurs volumes comme J.R.R. Tolkien dans Le Seigneur des anneaux
ou comme Stieg Larsson avec Millenium ?
Jésus, Marie, Joseph ! Abracadabrants, ces
personnages !
Il y a un homme, Adam qui vit 130 ans avant d’engendrer son premier
enfant et qui meurt 800 ans
après, en concevant pendant toutes ces années de nombreux fils et filles. Un
autre, Noé, un aventurier, décède 350 ans après un déluge à l’âge de 950 ans.
Sacredieu ! Cet écrit est immoral, voire amoral !
Dans un des livres qui se nomme l’Exode, il semble
normal que des parents puissent vendre
leur fille comme servante, tuer son
voisin s’il travaille le samedi, etc. Dans celui que le narrateur appelle
« le lévitique », l’esclavage est monnaie courante avec des
étrangers, ainsi que la lapidation pour son propre voisin si celui-ci blasphème
et médit. Je ne vous parle pas de l’homosexualité qui est considérée comme une
abomination.
Et le Cantique des cantiques ! Ou le livre de
Salomon ! De l’érotisme, voire de la pornographie à l’état pur !
En qualité d’éditrice, je ne peux porter ni au pinacle, ni
aux enfers un tel manuscrit ! Mais en aucun cas, je ne dois me sentir
coupable de le refuser. N’oublions pas que le propre du manuscrit est d’être un
objet unique qui ne peut être reproduit.
Donc, en conclusion, je me permettrai de vous donner ma
bénédiction en vous rendant votre livre.
Allez en paix !