vendredi 22 mars 2013

Textes à 3 : chaque participante écrit la première partie du texte, puis passe la feuille à sa voisine de droite qui rédige la deuxième partie du texte qui passe la feuille à sa voisine de droite qui conclut.



Introduction : Il sortit de chez lui le moral en berne. Sur le trottoir d’en face, elle était là. Son visage s’illumina…


Par Shinez, Golem et Krysia

Il sortit de chez lui le moral en berne. Sur le trottoir d’en face elle était là. Son visage s’illumina…
Depuis quelques jours, plus de nouvelle de cette belle inconnue rencontrée dans le métro, pour laquelle il avait eu un véritable coup de cœur. Elle l’entête, l’empêche de dormir, que faire pour la retrouver ? Car il …( ?)…. A moins que ce n’eut été qu’une illusion.

Il se mit à marcher de long en large sur le trottoir. Quelle stratégie adopter ? Après réflexion, il alla chez le papetier acheter un rouleau de papier blanc, un gros feutre, et de la colle.

Il dessina la belle inconnue du mieux qu’il put. Il lui mit des bigoudis, du maquillage extravagant, comme se déguise un clown, des dents longues bien pointues.
Il plaqua l’affiche sur le mur. Il recula pour admirer son œuvre, sourit et se dit : « Voilà ! Comme ça, cette nuit, je pourrai dormir ! ».


Par Simone, Shinez et Golem

Il sortit de chez lui le moral en berne. Sur le trottoir d’en face elle était là. Son visage s’illumina…
Il était triste. Au boulot les choses ne se passaient pas bien et, malgré ses efforts, il ne se sentait pas considéré par ses collègues. Il se demandait s’il devait changer de travail.
Arrivé en face de chez lui, Oh ! surprise, sur son paillasson, sa petite chienne l’attendait, le regard brillant et la petite queue se balançant frénétiquement.

Mais dans l’état où il était avec la nuit noire, il ne distinguait que l’ombre qui ressemblait à sa chienne.
Est-ce Olga ? Il traversa mais tout à coup cette vision disparut. Il en fut tout ému, affolé, ne sachant quoi penser !

Peut-être prenait-il ses désirs pour la réalité ? Dubitatif, il était là, immobile, quand il repensa à la jeune fille sur le trottoir d’en face. Elle lui sourit. Il la détailla, la trouva appétissante. Et cette masse à ses pieds, c’était sa chienne Olga.


Par Valérie, Simone et Shinez

Il sortit de chez lui le moral en berne. Sur le trottoir d’en face elle était là. Son visage s’illumina…
Vincent Lindon adore les voitures de sport, sa Ferrari est rutilante, il l’avait fait laver ce matin au supermarché. Eh oui, c’est un homme comme tout le monde !

Il décide de la conduire et de la montrer à tout le monde. Il l’utilise pour faire ses courses, toutes sirènes hurlantes et puis il se rend devant le domicile de chacun de ses amis et les somme de venir admirer « son trésor ».

Mais pas de chance, une voisine fait tomber ses pots de fleurs et paf ! la voiture fait tâche de sang sur le pavé. Vincent ne fait que pleurer. Comment le consoler ?
Il n’a qu’à aller tourner ??? pour racheter l’objet de ses fantasmes et se faire mousser.


Par Golem, Krysia et Valérie

Il sortit de chez lui le moral en berne. Sur le trottoir d’en face elle était là. Son visage s’illumina…
La pluie avait laissé de grandes flaques d’eau sur la chaussée. Le caniveau débordait. Il tenta de traverser et fût tout éclaboussé. La jeune fille se mit à rire.

Ses dents noires étaient comme les murs des châteaux forts ou comme un jeu d’échec, il en manquait une sur deux. Son rire gras me rappela celui de ma grand-mère le jour de son décès, lorsque je lui appris qu’elle n’irait pas au paradis. Mais elle était si jeune et si bon public,
que je me suis rendue compte que j’étais imbuvable, méchante, à la limite de la grossièreté.




Vous avez été sélectionnée pour aller sur la lune. Dites pourquoi votre candidature a été retenue.



Par Golem

J’ai gagné un voyage sur la lune. Qu’est-ce que tu veux que j’en fasse ? Le ciel me suffit par la fenêtre de ma chambre grande ouverte par une belle nuit d’été allongée mollement sur mon lit. Je n’aime pas les décollages où tous tes organes descendent de 15 cm, les acouphènes qui te sifflent dans les oreilles et la bouche sèche comme de l’amadou. Être dans un simulateur me suffit, tu vois exactement la même chose en 3D au Futuroscope de Poitiers et tu es sûre de retomber sur le plancher des vaches pour un bon repas en redescendant de la fusée et toujours en toute sécurité. Alors pourquoi partir si loin dans une fusée, dans un habitacle minuscule avec tous les inconvénients à supporter : coincé, pressé, étouffé, handicapé.
Offrez-moi une petite pause, regarder les feuilles à l’envers, les étoiles plein les yeux au bord d’une rivière par un bel après-midi d’été.


Par Krysia
Mélange d’époques

1er Mars 1969
Devant l’écran de mon ordinateur, une publicité retient toute mon attention :


« Objectif Lune »
Vous êtes un homme sportif, âgé entre 18 et 45 ans, en bonne santé morale et physique.
Vous êtes non-fumeur, curieux, aventurier et passionné d’astronomie :
Ne laissez plus 384 400 km entre votre vie et vos envies.
Devenez sélénite durant une semaine entière.
Voyagez en toute sécurité dans l’espace à bord de la fusée APOLLO II.
Vivez une destination insolite et une expérience exceptionnelle pour la symbolique somme de 384 400 francs.

Pour participer au tirage au sort, inscrivez-vous en répondant aux questions de culture générale.
Envoyez également une lettre de motivation manuscrite ainsi que votre chèque de réservation à :
Laboratoire d’Observation, 8 rue du Planétarium 75000 Paris.
Quatre candidats solvables seront tirés au sort par voie d’huissier avant la fin du mois.
Les élus partiront vers mi-juillet, les autres se verront retournez leur versement…



Je descends quatre à quatre les escaliers qui séparent ma chambre de la salle à manger en hurlant : « Papa, papa, ça y est ! Ton boss a organisé la sélection, le voyage sur la Lune ! Mon argent de poche pour l’année s’il te plaît ! Je vais aller sur la Lune !
- « Edwine (=édvine) chérie calme-toi, tu en es déjà revenue ! Je t’ai déjà dit que le premier voyage n’est réservé qu’aux hommes. Le fait que tu sois un garçon manqué n’y change rien ! Lorsqu’ils organiseront une expédition mixte, tu auras ta place, c’est promis ! Mais celui-là, seul ton cousin Edwin peut en être ! »

- « Ce n’est pas juste ! C’est moi qui étudie la sélénologie ! Je m’y connais mieux que lui ! »
Furieuse, je regagne ma chambre et réponds aux questions d’une simplicité enfantine :

Comment se nomment les planètes du système solaire ? 
Je réponds dans l’ordre : « Nous en avons huit. Les petites près du Soleil : Mercure, Vénus, la Terre et Mars et les géantes qui suivent considérées comme loin du Soleil : Jupiter, Uranus et Neptune.
Je ne tombe pas dans le piège de citer Pluton qui a été, dans un temps, considérée comme la neuvième.

Quelles sont les variantes de températures sur la lune ?
« Facile ! Plus de 120 °C le jour et moins de 170°C la nuit. »

Citez dix constellations autres que celles du zodiaque.
« J’en connais huit fois plus. La constellation d’Orion, La grande et la petite Ourse, le Centaure, Cassiopée, la Licorne, la Chevelure de Bérénice, la Colombe, la Croix du sud, Pégase, le Cygne. Ca fait déjà onze sans réfléchir ! »

J’envoie le tout et, les jours qui suivent, aide mon cousin à préparer son voyage interstellaire.
Son inscription n’eut aucun mal à être validée ! Quand mon père fait figure d’huissier, on n’est pas surpris du résultat.

Le 20, nous organisons une grande fête pour commémorer l’événement.
L’aube du lendemain allait à jamais changer notre existence : les quatre apprentis du cosmos se présentent devant la fusée pour l’embarquement.
Au contrôle des papiers, l’homme à l’accueil fronce les sourcils :
« Sur votre carte d’identité, je vois écrit Edwin ALDRIN (= édvine aldrun). Ce voyage n’est pas réservé aux femmes ! »

Je pris un accent américain et ma plus grosse voix pour répondre :
- Non, ils se sont trompés à l’aéroport français en ajoutant un E à mon prénom. Je suis Monsieur ALDRIN (= Aldrine).
-          Excusez-moi, soyez le bienvenu ! Je suis le professeur Mickaël COLLINS, responsable de notre voyage.
-          Le collègue du célèbre astronaute Neil ARMSTRONG ?
-          Exact ! Montez Monsieur Edwin ! Nous aurons le temps de faire connaissance. 
Tandis que la fusée se propulse vers sa destination, j’ai une pensée particulière pour mon cousin homonyme qui cuve ses verres de Valium, ronflant à pleins poumons, la tête sûrement dans les étoiles.

Avez-vous été attentifs ? Si on considère que Niel ARMSTRONG, Edwin ALDRIN et Mickaël COLLINS ont marché sur la Lune lors de leur départ, à quelle date sommes-nous ?

Le 21 juillet 1969 !


Par Laurence

Pierrot et Colombine

Colombine est née un soir de pleine lune. Elle a beaucoup chanté :
"Au clair de la lune, mon ami Pierrot ; prête-moi ta plume pour écrire un mot. Ma chandelle est morte, je n'ai plus de feu. Ouvre-moi ta porte pour l'amour de Dieu."

Vous l'aurez compris, Pierrot, lassé d'entendre cette chanson et fatigué des caprices de Colombine, s'en est allé... très très loin... sur la lune.

Depuis, la belle mélancolique est souvent dans la lune. Elle pleure des larmes de chagrin et se désespère de rejoindre son étoile. Elle attend le grand voyage, elle ferme les yeux et rêve : la fusée vient d'alunir sur cette planète méconnue. Un pas, puis deux, elle marche enfin sur la lune. Tout lui semble plus léger, plus facile.

Pourtant, elle sait qu'il lui faudra traverser l'OCEAN DES TEMPETES puis la MER DES NUEES et peut-être celle située juste derrière, la MER DE LA CONNAISSANCE. Aura-t-il choisi de vivre près du LAC DE L'OUBLI ou de celui DE LA SOLITUDE.

Non, elle le sait, elle le retrouvera sur les bords du LAC DE L'ESPERANCE, tout près du GOLFE DE LA FOI. Elle en est certaine : Pierrot ne peut pas vivre sans Colombine, et c'est ensemble qu’ils iront vivre leur lune de miel, sur les bords de la MER DE LA FERTILITE


Par Shinez
La tête dans la lune ou les étoiles

Surprise je reçois une invitation pour aller sur la Lune.
Pourquoi moi ? J’ai déjà la tête dans la lune.
Etre en apesanteur ! Pourquoi pas ? Au moins je pourrais voir le monde de plus haut et peut-être donner vie sur une planète, ou m’asseoir sur la Lune et jeter de la parole de lune pour faire rêver les humains sur Terre.


Par Simone
Aller sur la Lune

Un rêve d’enfant !
Un rêve impossible et pourtant, oui, j’ai gagné !
Un concours, le 1er prix :
Partir en tant qu’astronaute sur la Lune.
Pourquoi moi ?
A la télévision, un numéro de téléphone s’affiche, celui de ma grand-mère ; j’appelle et oh ! surprise : « Oui, Madame », « Vous êtes l’heureuse élue », « Vous allez partir sur la Lune en tant qu’astronaute ».
Je n’en crois pas mes oreilles !
Moi qui ai toujours voulu voyager, je pars sur une autre planète. Puis tout à coup, moment d’angoisse. Plein de questions me viennent à l’esprit :
-          Comment vais-je m’habiller ?
-          Dans une fusée, on marche ou on flotte ?
-          Comment peut-on se laver et manger ?
-          Respire-t-on facilement ?
-          Vais-je m’entendre avec mes compagnons de l’espace ?
-          Vais-je découvrir d’autres vies ?
J’espère, j’espère tellement une vie plus belle, plus saine, plus simple, plus heureuse !
S’il faut aller sur la Lune pour ça, j’irais !
Le jeu en vaut la chandelle.
Quel bonheur, vivement le grand jour !


Par Valérie

La Lune

Une odeur délicieuse de croissant monte jusqu’à ma fenêtre, je ne peux y résister, j’empoigne mes rollers, je les enfile et je sors.
Sur le chemin je vois le Kiosque à Dédé. Toujours en roller, le moyen de transport le plus efficace à Paris, je fonce.
Je m’arrête chez Dédé où une annonce attire mon attention. L’intitulé est :

« Vous voulez faire l’expérience de votre vie ?
La NASA recherche Femme astronaute, diplôme indifférent, sans problème de santé.
Ecrivez ou téléphonez
email : www.nasa.com ».

Dans mon enthousiasme, je fais un gros bisou à Dédé. Et je repars de plus belle en roller et sautant de joie.
En résumé, je réponds à l’annonce, je suis choisie pour un essai.
Quel moment de bonheur !

Alors vous me dîtes : « why me ? »
J’étais tout simplement la seule à avoir répondu.

C’était un canular.

Gros moment de solitude.


Décrire la vantardise la plus absolue



Par Golem 
Vrai ou faux ? Info ou intox ?

8h du matin. Les infos : le Ministère des Affaires étrangères confirme que les restes humains découverts près de l’aéroport de N’Djamena ont été formellement identifiés. Ce sont bien ceux du Président Tombalbaye exécuté lors du coup d’Etat. Le Président et le Conseil des Ministres en activité ont décidé de lui donner des obsèques nationales.

Je pense à son fils aîné et à ses enfants que j’ai bien connus.

Deux jours plus tard, un télégramme arrive : je suis invitée à la cérémonie. Un envoyé officiel va me contacter pour les détails.

Deux hommes sonnent à ma porte. Ils se présentent. Ils viennent du Ministère de la Coopération. Au terme d’une petite conversation, ils me demandent de remettre une lettre cachetée au fils Garbaye que je connais bien.

Le même jour, un négociateur d’un grand groupe pétrolier me demande le même service et me laisse entendre que je recevrai une bonne commission.

Les jours suivants, cela continue, délégué après délégué, trust après trust. J’ai reçu mon billet, pour la cérémonie. Je suis sur l’estrade officielle, à côté d’une fille Tombalbaye connue à Paris. J’entends les chuchotements : qui est-elle ? Pourquoi est-elle ici ?

J’apprends que chacun devra dire quelques mots. Je décide de parler de réconciliation politique, de pardon et d’espoir pour le futur. Lorsque je finis, quelques secondes de grand silence, puis un tonnerre d’applaudissements. Lors de la réception, je suis très entourée ; tout le monde veut me parler, me revoir, me charger d’une mission ou d’une médiation. L’archevêque veut me charger d’une étude compte-tenu de mes très bons rapports avec l’une des ethnies assez peu connues. Le responsable local des fonds des Nations-Unies pour le Développement veut me confier l’organisation et la mise en place de projets destinés aux femmes, projets spécifiques et concertés. L’archevêque insiste de son côté et m’assure que je l’accompagnerai à Rome pour remettre moi-même mon (mes) mémoire(s) au Pape. Je vais devenir une voyageuse témoin de la vie.

Par Krysia
Simplement moi !

On me demande de parler de vantardise !
En d’autres termes, on me demande de parler de MOI au naturel et au quotidien.
Mais est-ce être vantard que de savoir qu’on est féérique dans tous les domaines ?
Non ! C’est juste un constat ! Je n’y peux rien, je suis née comme cela !

J’ai 25 ans et je m’appelle Elsève.
Je sais, j’inverse les chiffres mais je donne cet âge parce que tout le monde s’accorde à ne pas pouvoir m’en donner plus.

Avant que vous ne me posiez la question : Non, on ne m’a pas donné le prénom du plus renommé des produits cosmétiques pour les cheveux ! C’est mon papa qui a nommé sa gamme comme moi ! Il a toujours été subjugué par mes cheveux de soie. C’est d’ailleurs pour ça qu’il s’est reconverti en coiffeur-chimiste. Il disait toujours : « Ma petite Elsève, tu le vaux bien ! ».
Je l’aime bien mon papa mais il ne m’adule pas autant que maman !

Mes formes vous éblouissent ? Je me suis tout fait refaire, mais je suis déçue parce qu’avant j’étais mieux ! Maintenant, je fais du 95 C/60/90. Ou c’est...  60/90/95 ?  J’ai un peu de mal avec les chiffres !
Mais je mesure 1m56 et pour ne jamais l’oublier, j’ai commencé un régime en atteignant ce poids.

Pour mes fringues, je suis dans « l’air du temps ». Que des marques griffées :
Chemisier « Cacharel », jupe droite importation directe de nos usines de Chine : « Zara » je vous le fais avec l’accent du pays, là-bas elles s’appellent : « Takaèt Mouincon ».
Mes sous-vêtements, « Chanel n°5 », ils ont une odeur de « coco ».
Si vous n’avez pas le nez bouché, vous vous en êtes rendu compte !
Mes chaussures à talons épingle : « Bata » mais pas n’importe lequel : Bata de chez « Taty », hééé !

Mes accessoires : diadème de miss, je l’ai depuis l’âge de 4 ans ! Pour dire que je fais attention à mes affaires !

Sur mon gilet « Bordeaux », ma broche « Chesnelle ». Ensemble, nous n’avons pas les mêmes valeurs !

Mon foulard et ma ceinture j’« Adore » ! Ils m’ont été offerts pas « JP Gautier » un jour que je lui ai donné l’heure dans le « Quartier ». On ne s’est vu que 10 minutes mais il est tombé amoureux !
Ça m’arrive souvent !

La prochaine fois qu’on se croisera, il m’offrira des boucles d’oreilles en or 3 carats avec du zirconium ! Un truc de fou ! Je n’ose pas imaginer combien ça coûte mais c’est encore plus cher que le diamant ! Si vous ne connaissez pas, ne vous en voulez pas ! Tout le monde ne peut pas exhiber des offrandes pareilles !
Et sentez mon parfum « jalouse » ! Son émanation m’enveloppe si bien !

Bon, en fait, j’amoindris, j’ai tellement d’humour !
Je compense car croyez-moi ce n’est pas simple d’être une femme fatale.
Tous les hommes n’en peuvent plus dès qu’ils me voient.
Pour un simple sourire accordé, certains ont même dû se … comment dire poliment ? … agiter leurs bijoux de famille pour remettre leurs idées en place, ou du moins le peu qu’il leur restait.

Je sais aussi qu’avec mon niveau d’études, j’en jette et j’en écrase.
C’est pourquoi j’ai pris le parti, dans une assemblée, de parler le moins possible, pour qu’on n’entende pas le décalage entre leur babillage et la verve structurée de ma diction impeccable.
Certes, mon curriculum vitae est surprenant. Je ne vais tout de même pas me reprocher mon goût pour les hautes études, ni m’en vouloir si je ne peux pas obtenir une place de directrice ou de magistrat !

On ne peut pas me reclasser à un niveau si bas et j’en conviens car je suis humble, délicate, réservée, autant que remarquable, sublime, mémorable, mais je ne puis le clamer, modestie oblige !

Vous n’aurez aucun mal à remarquer rapidement que je suis en décalage constant avec les autres. J’ai toujours une longueur d’avance, un petit quelque chose dans mon aisance qui me distingue : je ne suis ni le mouton, ni le berger, je suis la montagne toute puissante, fascinante.

Je suis la plus extraordinaire de mon pays et même de ma rue ! Plus précisément la n°1 de la prison de Réau.

Et oui, je détiens le record absolu : au tribunal, mes étonnantes qualités ont été votées à l’unanimité dès le départ par tous les membres du jury ! Du jamais vu ! Les juges, le procureur et les avocats des deux parties l’on reconnu et m’ont gratifié du temps maximum !
Il faut dire que j’étais impressionnante ! Mythique presque !

Voilà un petit débriefing de mes qualités secondaires, je vous épargne les autres, bien plus merveilleuses !

Tout ça pour vous apprendre que désormais, je n’ai plus de contraintes :
Je ne croise plus d’hommes alors ils ne bavent plus sur leurs chaussures, les femmes que je côtoie ne me jalousent plus car elles n’ont même pas leur CFG ici. J’imagine que vous ne savez pas ce que ces initiales veulent dire ?

Tout simplement : « Certificat des Futurs Gogoles ».
Vous pensez bien que c’est la première fois que je rate un examen !
Ma simplicité m’apporte une popularité grandissante chaque jour que Dieu fait, mais toujours dans un souci de vie idéale, je reste dans ma cellule pour ne pas faire d’ombre à celles qui cherchent à se faire péniblement des connaissances.

Rien de ce que je viens de dire n’est vrai, mais il est facile de donner l’illusion d’être une prout-prout de Paris 16 à celles qui ne veulent pas regarder plus loin que leur vilain nez.

Par Laurence
La Dame Caméléon et le Château

            Il était une fois une Dame Caméléon qui vivait dans un étrange palais. Pas un palais de verre mais un château de béton et d’acier.
Les fenêtres de barreaux s’ouvraient non pas sur des pelouses fleuries mais sur des jardins de barbelés.
La dame y résidait parmi une pléthore de femmes, les dames en bleu qui surveillaient et celles qui étaient observées, examinées, scrutées, disséquées, décortiquées, inspectées tout au long du jour et de la nuit.
Les femmes étaient jeunes ou vieilles, il y avait des splendides et des ingrates, des moins jolies avec un cœur en or, des belles avec du noir à l’âme, des soumises et des rebelles, des modestes et des vaniteuses, des mûres et des immatures, des souriantes et des grognons, des fades transparentes et des pestes hurlantes.

Dans ce gynécée, Dame Caméléon pensait à sa vie d’avant.
Elle était née il y a bien longtemps, de l’amour de Vénus et d’Apollon, sous une bonne étoile. A sa naissance, elle avait été dotée par ses marraines les fées de l’intelligence, la beauté, la délicatesse et bien d’autres atouts encore.

Dès son plus jeune âge, ses qualités physiques faisaient l’admiration de tous.
Ses yeux noisette étaient rieurs et lumineux.
Ses cheveux étaient si doux que certains voulaient toujours les caresser.
Son sourire parfait s’ouvrait sur des dents blanches qui brillaient au soleil.
Ses mains généreuses vous réchauffaient dès qu’elles vous touchaient.
Elle avait grandi dans un univers caravagesque, la musique était baroque ou classique. Papageno était son ami, le Louvre son aire de jeux …
Elle savait tout faire, elle réussissait tout, elle avait toujours la réponse à une question ; son savoir, son expérience étaient sans fin, peut-être en raison d’un QI qui frisait les 200.

Certes, elle était née avec une petite cuillère en argent dans la bouche mais ce n’était pas le plus important.
L’amour incommensurable de ses parents lui avait permis, en grandissant, de porter un regard sur les autres dénué de toute méchanceté, agressivité, jalousie, malveillance.

Pour l’avoir beaucoup lu, elle était rousseauiste dans l’âme.
Elle avait retenu de Montesquieu que : « La liberté est le droit de faire ce que les lois permettent ».

De tous ses voyages de par le monde elle avait retenu comme l’écrivait La Fontaine : « Quiconque a beaucoup vu peut avoir beaucoup retenu » ou comme Goldoni : «  Qui n’a pas quitter son pays est plein de préjugés … »

Elle synthétisait une vie de liberté de ton et d’attitude. Une nature solaire, une détermination légère, une élégance rayonnante et juste ce qu’il faut de désinvolture la caractérisait. Elle avait une inébranlable confiance dans la vie. Elle était noble de cœur, son regard et son sourire étaient ses atouts.

Ses modus vivendi et operendi étaient toujours en accord avec elle…
Toujours sauf le jour noir, le jour maudit de l’accident où une affreuse sorcière l’avait transformée en Dame Caméléon.
Ce mauvais sort l’avait amené à survivre dans l’univers dantesque de la maison de béton où se jouaient et se rejouaient tous les jours les deux premières parties de la Divine Comédie. Son regard et son sourire étaient ses seules armes.

Dans cet enfer, personne ne savait qu’en fait elle était une princesse. Des esprits chagrins, revêches, aigris, intolérants, sans gêne, la traitaient de bourgeoise, pensant l’insulter ou la blesser.
La Dame Caméléon riait sous cape, en se disant : « Si elles savaient … »

Ce que les vilaines ignoraient, c’est que le mauvais sort qui l’avait transformée en caméléon cesserait le jour où elle quitterait la maison close et qu'alors elle redeviendrait princesse.

La princesse savait que, même vivant dans la cour des miracles avec ses compagnes d’infortune, elle ne ferait jamais sien le vocabulaire des vilaines et ne tomberait pas sous les fourches caudines de la facilité et de la vulgarité.
Non, la princesse ne fumera jamais : c’est avec ses amis les livres qu’elle voyage dans les paradis artificiels.
Non, la princesse ne dira jamais : « J’te kiffe », son kif elle le trouve dans la lecture des Béatitudes de St François d’Assise.
Non, la princesse « ne nique rien ni personne », elle ne veut pas piétiner la beauté de la langue arabe.

Et pour ce qui est réellement de « niquer », la princesse préfère faire la bête à deux dos avec un mâle de son espèce.
Non, la princesse ne « s’en bat pas les couilles », elle est une femme et elle n’en a pas, d’ailleurs il n’y a pas d’ovules dans les testicules.

Non, la princesse ne dira jamais « Wech » mais plus simplement : « Plaît-il ».
La princesse faisait fi de toutes ces grossièretés car elle n’avait pas les mêmes valeurs. Elle savait juste dire aux vilaines avec un grand sourire et dans un doux euphémisme : « Je vous enquiquine ».

« Le grossier élève la voix tel un pet à minuit » (proverbe persan).

Par Shinez
Je suis Dieu.

Un rêve récurrent, comme chaque matin.
Je me dis, j’ai rêvé ou j’ai entendu des voix.
C’est décidé je serai Dieu !
Je me sens au-dessus de tous, comme en élévation avec une force suprême, un savoir inné.
Alors, je décide d’être Dieu et j’entreprends de changer le monde à ma façon.
J’ai une aura subliminale.
J’ordonne, on m’écoute, on boit mes paroles et surtout on exécute aussitôt.
Je suis Dieu universel, rien ne m’arrêtera.

Par Simone
Pourquoi parler de vantardise ?

Nul n’ignore que mon Q.I. vaut bien celui d’Einstein, Marie Curie ou de tout autre – la liste est trop longue à énumérer !
Je suis certaine que mon intelligence et mon imaginaire en aucun cas ne pourraient être remis en cause. D’ailleurs, il est inutile de parler de mon intelligence car à mon sens, il s’agit d’un pléonasme.
Pour moi, les problèmes n’existent pas. Seules les solutions existent, et il me suffit de me poser une question pour y répondre aussitôt.
Ne me dites jamais : « tu ne peux pas » ; moi, je peux toujours ! Et si vous en doutez, il est inutile de me parler, je ne vous entendrais même pas.
Je crois d’ailleurs, non j'en suis sûre, être la seule sur cette terre  à pouvoir tout comprendre et tout résoudre !...
Peut-être suis-je la messagère de Dieu !...


Par Valérie
Je suis belle

Il n’y a que les idiots pour se vanter sans cesse ! Mais pour vous aujourd’hui, je m’exalte. En prônant mes qualités à la figure de mes interlocuteurs, cela me donne beaucoup de satisfaction.
Je m’appelle Léa et ma beauté est comparable à celle d’Aphrodite. J’ai de grands yeux noisette, des cheveux dignes des pubs sur les shampooings. J’ai une bouche sensuelle avec un grain de beauté que tout le monde m’envie.
Je me loue d’avoir le même sex-appeal que Marilyn.
Et enfin je me glorifie d’avoir un savoir-dire et un savoir-faire à subjuguer mon entourage.
En résumé, je suis belle et géniale.



Inventer un métier qui n'existe pas



Par Krysia

Sécheuse de larmes

Il me faut me reconvertir. Choisir un métier avec un débouché.
Les qualités requises : la patience, l’écoute, les bons conseils.
Le niveau d’étude : au maximum, un diplôme de psy mais avec un certificat d’études, on peut y arriver si les qualités attendues sont requises.
Les terrains d’exercice privilégiés : le bébé, les ados et les adultes, à chacun sa préférence.
En ce qui me concerne, j’ai une nette préférence pour les fragiles, les plus innocents, les enfants. Dans le monde où je vis, ces derniers sont interdits, alors je m’exerce sur des adultes, les femmes plus particulièrement.
Je ne suis pas diplômée, ni reconnue par la sécu, mais mes consultations sont très primées, la liste d’attente est parfois longue.
Mon nouveau métier s’est imposé à moi avec tellement d’évidence pour chacune que je ne peux y échapper : je suis sécheuse de larmes et parfois, je m’y noie presque.

Gérante de l’avancée du temps
 
Je donne à chacun un peu de temps pour les créations et les émotions.
J’ai tenté d’expliquer comment ralentir les moments de plaisir et de bonheur, mais je n’ai pas le temps !
Il faut avancer pour que le futur qui attend devienne présent et le présent dépassé soit délaissé.
J’ai réparti la vie des hommes comme une année : en quatre saisons qui se succèdent sans jamais s’arrêter.
- Le printemps pour mettre au monde, humains, mammifères et insectes, et faire éclore les végétaux.
  Le printemps pour découvrir.
  Le temps d’un soupir.
- L’été pour grandir, se rebeller, se tester, se reproduire et brûler de tout bois.
   L’été pour s’affranchir.
   Accélérer le temps.
- L’automne pour s’imposer, gérer les couleurs de sa vie. Contrer les intempéries.
   L’automne pour supporter.
   La douleur passe avec le temps.
- L’hiver pour savoir. Voilé par un rideau de rides ou couvert d’un manteau de neige, observer, tenter de dire : « Si jeunesse savait, si vieillesse pouvait ».
   L’hiver pour s’effacer.
   Ne pas avoir assez de temps.

Et moi je gère l’avancée du temps en donnant moins à certains car d’autres sont trop gourmands. Je perpétue, redonne du temps au temps, jusqu’au jour où mes enfants détruiront les couleurs joyeuses, les odeurs enivrantes, les mélodies apaisantes, les goûts salivants et ne pourront plus rien toucher d’avoir tout explosé.
Alors je ferai une pause. Je prendrai un nouveau temps pour réfléchir, reconstruire et repeupler.
Et cette fois, je prendrai tout mon temps.
  
Par Laurence

Chargée de bonheur

Société en pleine déliquescence recherche pour sauver ses équipes terriennes une chargée de bonheur disponible immédiatement, dans le cadre d’une mission urgente et de longue durée.
Ci-dessous les détails du poste à pourvoir :
Durée : Temps plein. 365 jours/365 jours.
Horaires : 24h/24h.
Localisation : Paris , 8 rue de l’Enfer 75006 et déplacements dans le monde entier.
Forme du contrat : Contrat à Durée Indéterminable.
Statut : Hors Cadre
Compétences requises :
- Savoir écouter et entendre sans juger.
- Rire de tout et sur tout.
- Grande endurance physique et morale.
- Abnégation totale.
Diplômes requis : Doctorat de bonheur, Master d’humour délivrés par l’Université de l’IMPROBABLE sise Planète Terre.
Langues : Parfaitement polyglotte.
Expérience souhaitée : 30 ans de pratique a minima.
Rémunération : selon résultat, des années de Paradis.

Adresse, CV et lettre de motivation à l’adresse suivante : DIEU@Eden.fr

Par Shinez

Dégusteur de vents

A quel vent se vouer ? Celui du Nord, du Sud, le Mistral, la Tramontane ?
Bref, j’adore ce métier. J’ai toujours le nez dehors à l’affût du vent. Bon ou mauvais !
Pourquoi me diriez-vous ? Car cela influe sur le moral.
Hé oui ! Que le vent vienne du Nord, de l’Est, les personnes ont le moral en berne. Froid. Quel tracas !
Du Sud et aussitôt, les bikinis sont presque de sortie. Super, quel beau métier, je suis par monts et par vaux. J’entasse les billets, car fort bien payée, je suis la seule experte à exercer, qui plus est, je peux mener le monde par le bout du nez et leur « Vent ai » l’humeur qui me plaît !

Bon vent !

Par Simone

Le professeur du bonheur

Il commencera par vous expliquer comment vous lever le matin :
1°) Choisissez votre musique préférée et écoutez-la.
2°) Faites votre petit déjeuner et apprenez à le déguster.
3°) Pensez toujours que la vie est belle et mérite d’être vécue.
4°) Accrochez un sourire à vos lèvres et qu’il dure jusqu’au coucher.
5°) Transmettez ce savoir aux autres, qui eux-mêmes le transmettront à d’autres et que ce processus se reproduise indéfiniment.