Par Danièle
Après avoir roulé pendant de nombreuses
heures, je décidai de prendre un peu de repos. Avisant un grand hangar sur ma
droite, je garai ma voiture. Je n'avais pas d'idées préconçues, je voulais
juste me dégourdir les jambes. Sans vraiment réfléchir, j'allai vers la porte
entrouverte de cet impressionnant bâtiment. Après avoir frappé et crié à
plusieurs reprises et n'ayant obtenu aucune réponse, je m'introduisis, un peu
comme une voleuse. Un magnifique tableau recouvrait la totalité d'un mur. Il
s'agissait d'une forêt immense dont les effluves, étrangement, me parvenaient.
Tout avait l'air endormi, cependant la toile semblait avoir sa vie propre. Je
m'apprêtais à repartir lorsqu'un éclat lumineux me fit cligner des yeux.
M'approchant du tableau, je distinguai une femme au bras d'un homme ; ils
bougeaient sur la toile, se dirigeant vers un village. C'est à ce moment-là que
j'aperçus un pinceau posé sur un tréteau ; la peinture était encore
fraîche. Je le pris délicatement, de peur de détruire cet équilibre tellement
parfait. Je ne maniais pas le pinceau comme l'aurait fait Valérie. J'aurais
tellement aimé qu'elle soit à mes côtés avec sa palette de mille couleurs. Elle
aurait pu peindre un ciel tout en délicatesse, en harmonie avec ce paysage
grandiose. N'ayant pas ses talents, je renonçai à prendre le risque de tout
saccager. Je préférai admirer de loin ce monde merveilleux, rêvant de
participer à ce Tout harmonieux. C'est alors que Joëlle apparut, un sourire
bienveillant aux lèvres. Elle chuchotait, comme le chant d'un oiseau, me
rassurant en me disant qu'elle serait l'intermédiaire entre ce monde idéal,
idéalisé et notre monde. Elle me prit le pinceau des mains et peignit un pont
suspendu entre cet univers et le nôtre. Je pus alors retrouver toutes ces
petites choses du quotidien qui font de nous un être humain libre.
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