samedi 8 juin 2013

Anaphore. Ecrivez un texte dont les phrases commencent par « Je me souviens »



Par Danièle



Je me souviens qu'il était tard lorsque tu es rentré.

Je me souviens que tu m'as dit de ne pas m'inquiéter, que tout irait bien.

Je me souviens qu'une fois de plus, tu me mentais.

Je me souviens avoir pleuré, seule, contre mon oreiller.

Je me souviens de ta chaleur réconfortante, malgré tout.

Je me souviens m'être dit de ne pas sombrer entre tes bras.

Je me souviens de l'inutile de nos conversations, lesquelles devenaient polies et distantes.

Je me souviens avoir réagi brutalement, ton visage se transformant en point d'interrogation.

Je me souviens de la porte  qui a claqué et du froid qui m'a pénétrée.

Je me souviens...que ma mémoire s'est effacée.



Par Saki

Je me souviens du grand amphithéâtre de la Sorbonne. Non pas pour une rentrée universitaire très officielle, ni pour une remise de diplôme de docteur honoris causa, ni parmi les contestataires de mai 68 mais simplement pour le spectacle de fin d’année des enfants des écoles du 5ème arrondissement où j’habitais. J’avais 7 ans et je dansais, parmi d’autres, costumée en champignon, un superbe parapluie recouvert de papier crépon rouge parsemé de pois blancs ouvert au-dessus de ma tête.

Je me souviens de celui que tout le village appelait « le zouave », un pauvre vieux qui  marchait souvent de travers à la sortie de l’unique bistro. Peut-être dans une très ancienne vie avait-il été militaire chez ces fantassins ?

Je me souviens des levers avant le jour, en silence pour ne pas déranger ceux qui partaient plus tard, du départ à la frontale, de l’arrivée du premier rayon de soleil alors que nos avions déjà gravi plusieurs centaines de mètres et chaussé les crampons. Il fallait absolument arriver au sommet avant que la chaleur ne fasse fondre la neige.

Je me souviens de la guerre de Corée, ou plutôt que j’entendais ces mots à la radio et le voyais écrit dans les journaux. Je savais à peine que c’était un pays mais ce nom ressemblait à celui d’un médicament que prenait ma mère, la « coréine », et ça suffisait à m’inquiéter.


Je me souviens de mon premier livre de lecture courante, comme on disait à l’époque où j’étais enfant : « Claude et Antoinette à la maison forestière », moi, la petite parisienne, je me régalais d’y découvrir la vie à la campagne, les arbres et les champignons qu’Antoinette, la fille du garde forestier faisait découvrir à Claude, petit citadin venu se refaire une santé dans la nature.

Je me souviens de cette nuit passée dans une maison d’un village vietnamien, au milieu des rizières en terrasses. Pendant que la maîtresse de maison préparait le dîner, le très vieux grand-père, édenté et courbé en deux, trinquait avec nous à l’alcool de riz en regardant un succédané de « questions pour un champion » sur un antique téléviseur en noir et blanc.

Je me souviens de la misère des taudis de certains quartiers, pourtant bien centraux de Paris. On y vivait couramment à sept ou huit dans une seule pièce, le soir des couchages de fortune sortaient de partout. Aujourd’hui ces familles ont disparu, exilées dans des banlieues lointaines et la même surface rénovée sert de résidence secondaire à des bobos fortunés.

Je me souviens qu’on disait l’ombre des noyers malfaisante et qu’il ne fallait pas s’y endormir. Je les ai longtemps contournés de loin. Aujourd’hui, je les recherche au moment de la Saint-Jean pour faire mon vin de noix.

Je me souviens avoir découvert, très jeune, le plaisir de dire des gros mots. Bien évidemment je savais que c’était interdit, aussi, le soir, quand la lumière était éteinte, les parents probablement couchés, je me tournais vers le mur et prononçais à voix basse tous ceux que je connaissais, ce qui à cet âge ne devaient guère dépasser zut et crotte.

Je me souviens du chemin pour aller au lycée, talons hauts obtenus à force d’insistance et carambar acheté chez le confiseur du coin de la rue.




Par Sylvie

Je me souviens de ces nuits particulières où blottie dans ce lit, sous l’édredon rouge, le temps s’égrenait doucement ponctué tous les quarts d’heure par le carillon de Westminster. Depuis, quand j’entends cette fantaisie de quatre notes, je pense à eux, rassurée.
Je me souviens autour de cette grande table, les grands, les petits, regardant l’œil brillant cette femme à la tenue sombre, au chignon sévère, couper puis servir ce mets tant aimé de part son goût et  la tendresse qu’elle mettait en nous le cuisinant et en nous l’offrant. Depuis, quand je sens cette odeur, je pense à elle et à ce cadeau si précieux qu’elle m’a transmis.
Je me souviens du bruit sourd que fit le cercueil quand ces hommes le hissèrent dans le wagon et les sanglots de cette femme qui s’écroula dans mes bras. Depuis, quand j’aperçois certains trains de marchandise, la tristesse m’envahit.
Je me souviens de ses paroles quand je lui demandai de me donner la main pour traverser la rue. Son regard alla de moi à sa main et elle me dit : « Elle est à moi, je ne te la donnerai pas ! » Depuis, je me garde bien d’utiliser ce verbe  et quand un enfant glisse sa main dans la mienne pour franchir une chaussée, je pense à elle et je souris.
Au revoir…..
 

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