vendredi 5 avril 2013

Décrire un lever de soleil au bord de la mer sans la lettre "o".



Par Golem

A l’aube

Appuyée sur la rambarde de la terrasse, je regarde les véhicules qui baignent dans une lueur blafarde.
Comme les chats, c’est gris, du gris clair au gris le plus épais.
Je veux saisir l’instant du petit matin, les yeux fixés là-bas. Arrivée de la lumière. Je les ferme un instant. L’aube est apparue. Le jaune illumine, l’écarlate s’embrase, le bleu s’éclaire. Le jour est venu.


Par Krysia

Campée dans un véhicule, je rumine depuis des heures. Sur cette plage marseillaise, la nuit s’achève enfin !
L’inertie maintenue a réveillé un tiraillement dans mes jambes qui finit par m’arracher de ma léthargie.
Je me décide à faire quelques pas.

Devant l’immense nappe d’eau salée, je m’arrête, respire intensément et admire ce tableau de nature en éveil.
L’astre de l’aube s’étend tranquillement, paresseusement. Sa ceinture de lumière élargit le périmètre de sa palette de peintures écarlates, bleu marine, flavescentes et aux reflets vifs.
Devant mes yeux ébahis, je vis naître une magie de teintes nuancées qui semblait ébaucher le départ de l’existence.

Je me débarrasse de mes chaussures et escalade quelques dunes. Le sable fin et frais masse la plante de mes pieds. Plus près de l’eau, il se fait plus humide et s’écrase à l’influence de ma masse en laissant une trace de mes empreintes presque parfaites.
Je m’avance au plus près d’une épave délaissée, mangée par le sel, désagrégée par les débris qui viennent se heurter à elle. J’entends les lames déferlantes s’affaiblir et venir se présenter en vagues ; puis les regarde s’étaler, telle une révérence attribuée à une divinité. Des vaguelettes téméraires viennent encercler mes chevilles et les lécher de leurs langues glacées, puis repartent, laissant en cadeau sur ma peau une écume crépitante et quelques algues déchues. Le vent léger effleure mes pans de chairs dénudées, me faisant frémir.
La fragrance caractéristique du rivage qui livre le parfum des habitants de la mer et de leurs vies tumultueuses, exalte et titille mes narines.

Dans cette intimité, je reprends le sens de la réalité : cette escale me rappelle que le bien-être passe essentiellement par les délices simples de la vie et qu’un enchantement dure le temps que j’accepte de lui permettre de vivre.

Cependant, bien qu’en admiratrice fascinée et inattendue, je ne suis jamais revenue.


Par Laurence

21 juin 5 heures 4 minutes, sur la terrasse face à la mer, le regard perdu sur la ligne de l’infini, j’attends un ami, un aimé, un amant.
Je le guette, je l’espère, je sais qu’il est prêt à surgir de la nuit.

Dans les pins des petites [?] affamés s’éveillent, leurs chants appellent l’incandescent et s’élancent en faisant des arabesques dans la faible lueur du crépuscule.
Les fleurs du maquis se redressent et viennent m’habiller de leur parfum si particulier.
A mes pieds, la belle ténébreuse vêtue d’ébène pendant quelques heures de répit, reprend peu à peu ses nuances gris, jade, émeraude puis s’affirme dans la palette des bleus de l’azur au saphir.
Les vagues enfin dansent lascivement avant de reprendre le large.

A fleur d’eau, l’astre suprême vêtu d’incarnat apparaît et s’élève lentement.
Précieusement, l’aube s’enflamme et cède sa place à la clarté.

Fascinée par ce spectacle réitéré depuis la nuit des temps, je fais face à cette splendeur enivrante.
Il suscite ? Un sentiment intense, m’élève à l’extase et m’enchaîne à jamais à cette île qui est la mienne.

L’étincelant se dresse, il est enfin là, mes yeux le fixent.
La brise se lève, les mésanges bleues crient d’allégresse, la mer scintille par les assauts du phénix.
Cet aimé tant espéré dans ma nuit singulière m’enlace dans ses bras de lumière.
La vie peut enfin reprendre
L’astre divin est revenu.


Par Simone

Aux Maldives !

Je suis dans un lieu magique : Les Maldives ; une île paradisiaque ; le bleu du ciel se mélange au bleu de la mer.
Mes yeux n’en peuvent plus de regarder ces deux infinis…
Les bébés-requins s’amusent avec les petits nageurs merveilleux qui régalent mes yeux. Chacun est paisible, car ici, nul ne chasse, nul ne pêche.
Je décide : ce petit paradis, il faut que je le vive au petit matin.
Regarder la vie de cet astre préféré…
Il se dresse à 6 heures ; je visualise un rideau qui se lève tendrement, délicatement. Il est au phénix à midi puis descend petit à petit, je mettrais lentement car il y a un O dans doucement tout doucement pour se fendre dans l’immensité bleu, à 16 heures.
Ces heures de rêve, je les vis, les avale, m’en rassasie, jusqu’à la nuit.
Enfin me voilà repue, et mes rêves peuvent m’envahir.



Par Valérie

Il est cinq heures du matin et le ciel illumine ma chambre en passant du mauve au vert pâle, du bleu nuit au jaune qui me fait réaliser subtilement que je suis vivante.



2 commentaires:

  1. Merci pour ce voyage océanique, matinal, dans les embruns salés, les pieds doucement massés par le sable. Ces textes sont d'autant plus bouleversants qu'ils ont été écrits par des femmes privées de liberté. Ils donnent à la notion de voyage intérieur toute leur force et leur sens. Pour cela je les ai trouvés très émouvants.

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  2. Les textes de Krysia et de Laurence arrivent à être si longs sans la lettre o, bravo! Simone a franchi simplement la limite, tout en douceur, mais de manière effrontée

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