Par Golem
A l’aube
Appuyée sur la
rambarde de la terrasse, je regarde les véhicules qui baignent dans une lueur
blafarde.
Comme les chats,
c’est gris, du gris clair au gris le plus épais.
Je veux saisir
l’instant du petit matin, les yeux fixés là-bas. Arrivée de la lumière. Je les
ferme un instant. L’aube est apparue. Le jaune illumine, l’écarlate s’embrase,
le bleu s’éclaire. Le jour est venu.
Par Krysia
Campée dans un
véhicule, je rumine depuis des heures. Sur cette plage marseillaise, la nuit
s’achève enfin !
L’inertie maintenue
a réveillé un tiraillement dans mes jambes qui finit par m’arracher de ma
léthargie.
Je me décide à
faire quelques pas.
Devant l’immense
nappe d’eau salée, je m’arrête, respire intensément et admire ce tableau de
nature en éveil.
L’astre de l’aube
s’étend tranquillement, paresseusement. Sa ceinture de lumière élargit le
périmètre de sa palette de peintures écarlates, bleu marine, flavescentes et
aux reflets vifs.
Devant mes yeux
ébahis, je vis naître une magie de teintes nuancées qui semblait ébaucher le
départ de l’existence.
Je me débarrasse de
mes chaussures et escalade quelques dunes. Le sable fin et frais masse la
plante de mes pieds. Plus près de l’eau, il se fait plus humide et s’écrase à
l’influence de ma masse en laissant une trace de mes empreintes presque
parfaites.
Je m’avance au plus
près d’une épave délaissée, mangée par le sel, désagrégée par les débris qui
viennent se heurter à elle. J’entends les lames déferlantes s’affaiblir et
venir se présenter en vagues ; puis les regarde s’étaler, telle une
révérence attribuée à une divinité. Des vaguelettes téméraires viennent
encercler mes chevilles et les lécher de leurs langues glacées, puis repartent,
laissant en cadeau sur ma peau une écume crépitante et quelques algues déchues.
Le vent léger effleure mes pans de chairs dénudées, me faisant frémir.
La fragrance
caractéristique du rivage qui livre le parfum des habitants de la mer et de
leurs vies tumultueuses, exalte et titille mes narines.
Dans cette
intimité, je reprends le sens de la réalité : cette escale me rappelle que
le bien-être passe essentiellement par les délices simples de la vie et qu’un
enchantement dure le temps que j’accepte de lui permettre de vivre.
Cependant, bien
qu’en admiratrice fascinée et inattendue, je ne suis jamais revenue.
Par Laurence
21 juin 5 heures 4
minutes, sur la terrasse face à la mer, le regard perdu sur la ligne de
l’infini, j’attends un ami, un aimé, un amant.
Je le guette, je
l’espère, je sais qu’il est prêt à surgir de la nuit.
Dans les pins des
petites [?] affamés s’éveillent, leurs chants appellent l’incandescent et
s’élancent en faisant des arabesques dans la faible lueur du crépuscule.
Les fleurs du
maquis se redressent et viennent m’habiller de leur parfum si particulier.
A mes pieds, la
belle ténébreuse vêtue d’ébène pendant quelques heures de répit, reprend peu à
peu ses nuances gris, jade, émeraude puis s’affirme dans la palette des bleus
de l’azur au saphir.
Les vagues enfin
dansent lascivement avant de reprendre le large.
A fleur d’eau,
l’astre suprême vêtu d’incarnat apparaît et s’élève lentement.
Précieusement,
l’aube s’enflamme et cède sa place à la clarté.
Fascinée par ce
spectacle réitéré depuis la nuit des temps, je fais face à cette splendeur
enivrante.
Il suscite ? Un
sentiment intense, m’élève à l’extase et m’enchaîne à jamais à cette île qui
est la mienne.
L’étincelant se
dresse, il est enfin là, mes yeux le fixent.
La brise se lève,
les mésanges bleues crient d’allégresse, la mer scintille par les assauts du
phénix.
Cet aimé tant
espéré dans ma nuit singulière m’enlace dans ses bras de lumière.
La vie peut enfin
reprendre
L’astre divin est
revenu.
Par Simone
Aux Maldives !
Je suis dans un
lieu magique : Les Maldives ; une île paradisiaque ; le bleu du
ciel se mélange au bleu de la mer.
Mes yeux n’en
peuvent plus de regarder ces deux infinis…
Les bébés-requins
s’amusent avec les petits nageurs merveilleux qui régalent mes yeux. Chacun est
paisible, car ici, nul ne chasse, nul ne pêche.
Je décide : ce
petit paradis, il faut que je le vive au petit matin.
Regarder la vie de
cet astre préféré…
Il se dresse à 6
heures ; je visualise un rideau qui se lève tendrement, délicatement. Il
est au phénix à midi puis descend petit à petit, je mettrais lentement car il y
a un O dans doucement tout doucement pour se fendre dans l’immensité bleu, à 16
heures.
Ces heures de rêve,
je les vis, les avale, m’en rassasie, jusqu’à la nuit.
Enfin me voilà
repue, et mes rêves peuvent m’envahir.
Par Valérie
Il
est cinq heures du matin et le ciel illumine ma chambre en passant du mauve au
vert pâle, du bleu nuit au jaune qui me fait réaliser subtilement que je suis
vivante.
Merci pour ce voyage océanique, matinal, dans les embruns salés, les pieds doucement massés par le sable. Ces textes sont d'autant plus bouleversants qu'ils ont été écrits par des femmes privées de liberté. Ils donnent à la notion de voyage intérieur toute leur force et leur sens. Pour cela je les ai trouvés très émouvants.
RépondreSupprimerLes textes de Krysia et de Laurence arrivent à être si longs sans la lettre o, bravo! Simone a franchi simplement la limite, tout en douceur, mais de manière effrontée
RépondreSupprimer