Par Golem
Comme François, je me définis d’abord par mon profil
professionnel, assez semblable au sien.
Bien servie par les bonnes fées, j’ai cumulé trois fois deux
années d’études et me suis frottée tôt au milieu du travail avant de reprendre
des études universitaires. J’ai écrit quelques poèmes -publiés -, réalisé
quelques tableaux – exposés -, mais j’avais arrêté toutes expressions
artistiques.
Avec cet atelier, j’ai voulu me prouver que j’étais encore
« capable de m’échapper, de me mettre hors du temps ».
Je partage aussi les sentiments de Martine. Je veux écrire
comme je veux aller vers d’autres pas à pas, sans faire de bruit et les bras
grands ouverts.
Par Krysia
Prendre
du temps
pour me défouler de mes rêves. Partager
mes idées, séduire, offrir,
constituer un fan club restreint. Laisser
une trace à des êtres choisis ou qui m’aiment.
Le monde carcéral est le meilleur
défouloir pour mon imagination : s’évader avec l’esprit et construire avec
mes souvenirs et mes fantasmes. Coucher sur un papier tout ce qui se passe dans
le conscient et l’inconscient. Donner une vie visible, lisible à ce que ressentent
mes tripes : mes joies, mes colères, mon amour et mes déceptions. Oui je
l’ai bien exprimé : un amour pour beaucoup de déceptions !
En tant que détenue, j’ai un
petit quelque chose d’indispensable dont les autres manquent : le
temps !
Alors quand un atelier d’écriture
s’installe, je m’étale avec lui.
Prendre le temps :
S’essouffler après les bus et les
trains ou s’énerver dans les embouteillages ; s’activer des heures durant
à la popote pour des grognons qui avaleront devant la télé ou avant et après
leurs clopes puantes ; se muscler au ménage et au repassage assidûment,
éternellement ; s’épuiser dans des scènes d’amour pour des
futilités : bien que tout cela aille de pair avec la liberté, non cela ne
me fait pas rêver ! Où reste-il du temps pour griffonner dans tout
cela ? Cette pause bénéfique qui me fait tant de bien, qui me donne envie
de sourire, de rire avec éclat et insouciance. Prendre le temps de rêver et
d’écrire c’est psychique et physique. Il y a tant de barrières dans la tête et
le cœur des gens « libres » ! Nous sommes des chevaux au galop
qui ne prenons pas le temps de s’hydrater, seulement de mourir, sans vraiment
vivre !
Partager, séduire :
Ecrire pour vivre plus
intensément, être heureuse, exprimer ma folie ou mon sérieux.
Quelle belle émotion que celle
d’un aimé découvrant ma déclaration ! Un poème composé à son attention, le
rendant spécial. Etre lue, appréciée ? Vous laissez-vous infiltrer dans
mon univers pour me ressentir et me comprendre peut-être ? Puis dans un
échange, pénétrer dans le vôtre, comme on entre dans un autre monde.
Etre appréciée, voir glorifiée
pour ma vision des choses, pour la façon dont je l’exprime. Chercher l’être
différent, complémentaire pour aller plus loin mais dans la même
direction ! Me sentir fière lorsque le nombre des admirateurs s’accroît,
me réclame. Donner de ma personne pour le plaisir d’un sourire, d’un soupir,
pour celui qui ne sait pas s’exprimer.
Laisser une trace :
Parce que je suis beaucoup de
choses simples mais pas banales ! Jamais superficielle ou dans
l’à-peu-près ; parfois amoureuse, contagieuse dans ma joie ; souvent
sérieuse, méticuleuse et toujours imaginative en me déconnectant parfois de la
réalité. Quel soulagement alors de pouvoir le retranscrire !
Qui se souviendrait de qui je suis
si je ne consignais rien ? Lire n’est pas mon osmose, mais pour écrire je
glisse sur la feuille sans problème ni tabou, ou plutôt je pianote sur le
clavier.
On m’accuse d’être
introvertie ! L’écriture semble être un remède de bon aloi.
Puis-je laisser une empreinte
indélébile dans ce monde ? Non, je n’en ai pas le talent, ni la
prétention ! Je suis de celles qui préfèrent être une lampe dans la maison
plutôt qu’une étoile au firmament.
S’exprimer avec des consonnes et
des voyelles pour obtenir les mots justement choisis, des phrases poignantes et
utiles, des pages qui émerveillent de toutes les manières qui soient, c’est
entièrement moi.
Je constate encore une fois que
je me suis bien étalée sur mon sujet. Mais après tout, si je me suis inscrite à
l’atelier d’écriture, c’est parce que j’aime écrire !
Par Laurence
Un
jour, sur un mur, une affiche nous invitant à participer à un atelier
d’écriture animé par Joëlle Cuvillez écrivain. Ma lettre de candidature a été
rédigée dans les minutes qui suivirent. Cet atelier était pour moi une
découverte, une évidence, une nécessité, un plaisir.
D’un esprit curieux, j’ai aimé
l’idée d’être accompagnée par un écrivain guide, dans cette toute première
expérience d’écriture collective, qui pouvait trouver une résonnance au-delà
des murs.
Curiosité de découvrir, tout
autrement et peut-être plus en profondeur des femmes que je côtoie dans mon
quotidien depuis plusieurs mois et d’échanger différemment dans une intimité
choisie et non plus imposée.
Intérêt de connaitre d’autres
styles d’écriture que ceux de mes auteurs favoris et surtout partager la
diversité de nos sensibilités.
Une évidence, si enfant je fuyais
devant la bibliothèque rose et verte, le Club des Cinq et autres préférant
vivre l’aventure plutôt que de la lire. Je suis tombée, toutefois, dans la
marmite d’Astérix (oups celle d’Obélix) les aventures de Tintin me faisaient
voyager et je riais aux gaffes de Gaston. C’est à l’adolescence découvrant Zola
et Maupassant que l’addiction est née, la passion de lire ne m’a plus quittée,
je lui suis restée fidèle.
Puis, dans ma vie d’avant, les
mots étaient mon domaine : écouter, entendre, analyser, comprendre,
réfléchir, appliquer la règle, innover puis rédiger des notes, des
correspondances, des rapports, des requêtes, des conclusions avec un souci, le
choix des mots, du mot juste, celui qui peut tout faire basculer.
Les mots du plus loin que je me
souvienne ont toujours eu une présence, une vie, une place importante dans mon
existence.
Les livres où les mots ne cessent
de courir ont été dans ces maisons « closes » mes compagnons
les plus sincères.
Tous les jours, je me levais pour
eux, les prêtant à l’une les recevant de l’autre, les classant, les conseillant
lorsque la question était posée. L’écriture, ici, a pris un tout autre sens.
Ecrire pour ne pas sombrer dans la folie, ne pas basculer, dire les maux avec
les mots, se raconter derrière les mots avec pudeur ou impudeur, humour ou
tristesse, livrer un peu de soi, de son authenticité, oublier le numéro à côté
de son nom, écrire les mots pour continuer d’exister.
L’écriture une nécessité comme
une force vitale.
Puis il y a le plaisir, le goût
du mot, son chant, son architecture, sa force et sa faiblesse. Le mot qui dit
réellement ce que j’ai envie de livrer de ma vie derrière les barreaux.
Egalement le plaisir d’être
guidée par un écrivain et accompagnée par ceux qui me lisent à l’extérieur, me
donnant le sentiment d’ETRE, un maillon d’une chaîne, ne plus être l’exclue de
la société.
Enfin, le plaisir de recevoir un
peu comme un cadeau la part d’humanité que les autres de l’intérieur et l’extérieur
m’offrent en participant à cet atelier.
Par
Valérie
J’ai un projet, alors :
Projet = opportunité d’y accéder
- cependant, ça allait de soi une thérapie accompagnant une remise à niveau de
notre vocabulaire – c’est l’apothéose.
Un autre paramètre m’a séduite.
Je fais de la peinture et à chaque fois je construis une histoire. Ceci avec
des couleurs, du bleu pastel de ma mélancolie au rouge flamboyant de ma rage de
survivre. Cela fait effet miroir. Dans cette peinture, qu’est-ce que j’écris ?
Qu’est-ce que je peins sur cet écrit ?
Le faire en groupe donne en plus
une forme de challenge et j’aime ça. Un leitmotiv pour s’exprimer, se
perfectionner, apprendre. Donc je n’hésite pas à échanger mon pinceau contre la
plume.